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Portraits des coopérateurs de Nouvelle-Aquitaine
Publié le 04/09/2025 dans Actualité réseau
PDG et heureux de l’être : “promouvoir la coopérative, j’adore ça !”
Alban Blévin ne s’est pas dit un matin en se rasant, qu’il deviendrait Président. C’est le hasard de la vie et ses coups durs qui l’ont propulsé en 2009 à la direction de SCOTPA, société de travaux routiers spécialisée en aménagement extérieur et ce, seulement 3 ans après son arrivée dans la coopérative.
PDG, loin d’être une vocation
Après une carrière en région parisienne pour laquelle il jugeait avoir atteint son apogée, en tant que conducteur de travaux, Alban décide de changer de région. “J’ai atterri à Angoulême un peu par hasard, avec ce désir d’améliorer mes conditions de vie. J’ai été embauché en 2006 chez SCOTPA, comme conducteur de travaux. Rapidement, j’ai été élu sociétaire puis administrateur.”
C’est à ce moment-là, en 2009, trois ans après son arrivée dans la société, que le cours de son histoire bascule lors d’un événement tragique : le décès brutal du PDG alors en poste.
Alban le remplace après avoir été élu PDG par les 11 administrateurs, eux-mêmes désignés par le suffrage des 120 sociétaires.
Il se souvient de son état d’esprit au moment de son élection : “il n’y a pas de diplôme pour devenir PDG. Je n’étais pas bien. La société elle non plus n’était pas au top.” Devant la tâche, Alban n’a ni reculé, ni démérité, à tel point qu’il a reçu de nouveau la confiance de ses associés et endosse ce rôle de PDG depuis plus de 15 ans. Il a pu bénéficier d’un accompagnement de l’URSCOP à ses débuts mais reconnaît avec franchise qu’il est à l’aise depuis seulement 5 ans dans ce rôle. “Diriger une entreprise avec tous les partenaires extérieurs, c’est différent de ce que je faisais sur les chantiers.”
Un rôle pleinement endossé
Cette fonction de PDG, il l’a finalement totalement embrassée après avoir passé plusieurs années à redresser l’entreprise, au plus mal au moment de son élection. “Aujourd'hui, mon rôle, c’est de promouvoir l’entreprise auprès de l’extérieur et de la représenter. J’adore ça ! C’est ça qui m’anime.”
Pour lui aucun mal à vendre la SCOP et ses valeurs sociales et démocratiques.
C’est même sur cet ADN coopératif qu’il fonde sa stratégie commerciale. Face aux majors du secteur, l'argument du partage du pouvoir et de la valeur lui permet de se distinguer.
“Quand on est face à eux, nous ne sommes ni meilleurs ni moins bons qu’eux. Nous avons le même matériel, les mêmes salariés mais nous ne sommes pas du tout comme eux !”
Il fait aussi la différence entre son rôle de PDG d’une coopérative par rapport à celui d’une entreprise conventionnelle et précise : “je ne suis pas là pour faire un coup, je n’ai aucune ambition personnelle ni pécuniaire, il n’y a pas de stratégie de carrière, de stratégie politique, pas de prime aux résultats.”

Alban précise qu’il respecte ceux qui ont pris des risques financiers en créant seul leur entreprise. S'il ne partage pas les mêmes risques que ces PDG d’entreprises conventionnelles, il porte sur ses épaules le poids des mêmes responsabilités. Et sur le plan social, il aime rappeler le bon climat qui règne chez SCOTPA : “sur les 140 salariés, on n’a pas de représentant du personnel - car personne ne se présente - c’est révélateur de tout ce qui se fait en amont”.
L’équité participe aussi à ce bien-être des sociétaires. En effet, la richesse créée par l’activité est divisée en trois lots, une « part entreprise » en réserves légales et fond de développement pour l’investissement, une part pour l’ensemble des salariés, distribuée de manière égale et une part pour les sociétaires (dividendes) au prorata du capital investi.
L’équité est parfaite puisque le montant dépend uniquement du temps de travail et non pas, par exemple, de la hiérarchie. “C’est sur ces valeurs là que je m’attache à faire rayonner cette entreprise qui fête cette année ses 47 ans d’existence” explique Alban.
Pour la promouvoir, le PDG mise aussi sur un fort ancrage local en participant à la vie locale sportive et associative au nom de la coopérative. “Je suis impliqué dans beaucoup de réseaux, sous forme d’une participation, de sponsoring, de dons, de prêt de matériel pour un événement etc.”
La coopérative et ses valeurs fédératrices
Même s’il ne prône pas à tout prix le modèle coopératif, il reconnaît le pouvoir fédérateur des valeurs de la SCOP. “La chance que j’ai et ça je la mesure au quotidien, même plusieurs fois par jour, c’est que j’ai des gens sur qui m'appuyer. Sans eux, jamais nous n’aurions pu traverser les crises,” confie Alban avec sincérité. “Ces gens sont là car ils adhèrent aux valeurs de notre coopérative. Avec les compétences qu'ils ont, ils pourraient aller voir ailleurs.”
Ce dont Alban est le plus fier, c’est la renommée de l'entreprise et le chemin parcouru depuis son élection en 2006.
Une politique RSE à officialiser
Le chemin du développement se poursuit et pour la SCOTPA, l’orientation RSE s'intensifie. Elle est déjà ancrée dans leur ADN depuis plusieurs années. “Nous sommes dans une démarche labellisation RSE” explique Alban. Une secrétaire s’est vue confier un poste de chargée de politique RSE afin notamment de construire le dossier. L’idée ici, c’est de valoriser ce qu’ils font déjà : recyclage du béton concassé en granulat via une plateforme intégrée à leur site, réduction au maximum des déchets sur les chantiers, remplacement progressif des véhicules les plus polluants, réduction de la consommation de carburant etc. “Nous suivons du mieux que nous pouvons le mouvement”.
Et c’est une reconnaissance officielle que le PDG travaille à obtenir avec ses équipes. L’obtention de cette labellisation RSE constituera alors un atout supplémentaire dans la course aux appels d’offres.
Propos recueillis par :
Lucie Pezavant
Associée de Cosme - Collectif coopératif de freelances